The International Journal of INCLUSIVE DEMOCRACY, Vol.1, No.2, (January 2005)


Vers une démocratie générale ?

 

JEAN-CLAUDE RICHARD

 

 

 

Vers une démocratie générale Takis Fotopoulos, 250 p.. Seuil.

 

 

APRÈS QUELQUES com­mentaires acides sur le livre d'Antoine Bevort, Pour une démocratie participative (voir le Monde libertaire, n° 13 10) venons-en à Takis Fotopoulos.[1] Voici un auteur remarquable­ment inconnu des mili­tants hexagonaux mais qui pourtant manifeste des approches libertaires de l'Homme, de la société et du devenir social et économique du monde.

 

Takis Fotopoulos ' nous propose en effet la mise en place d'une démocratie générale dont les principes sont tout à fait dans les formes de l'idéal libertaire. Rien d'étonnant puisque l'on relève dans le livre de constantes références à Pierre Kropotkine., à Murray Bookchin, à John Clark et, surtout, à Cornélius Castoriadis, un ancien de la feue revue Socialisme ou Barbarie.

 

Dès l'introduction de l'édition fran­çaise, nous sommes en terrain connu: « Ce livre a un but, montrer qu'on ne peut sortir de la crise qu'en sortant du cadre institutionnel actuel et non en restant à l'intérieur.»

 

À partir de ce postulat essentiel, Takis Fotopoulos développe - sur une base éco­nomique égalitaire - le concept de démo­cratie générale. Concept qui implique l'abolition des formes de répartition inégale du pouvoir politique.

 

 

La situation actuelle du inonde est l'effet d'une dynamique...

 

L'apport théorique et militant du discours de Takis Fotopoulos est surtout de rompre avec la conception marxienne voulant, via Attac et les partis de gauche, trotskistes compris, considé­rer l'état actuel du monde comme une conspi­ration des politiques de méchants partis neo-liberaux ou sociaux démocrates alors qu’il s’agit ni plus ni moins que de l’aboutissement d’une dynamique qui s’est construite sur l'économie de marché et son corollaire, la démocratie représentative.

 

Il est bien évident qu'à partir de cette approche les actions à entreprendre ne se situeront pas dans le cadre du système repré­sentatif (élections, parlement, etc.) mais à l'extérieur de ce système. Pourquoi lutter pour changer les gouvernements puisque ces gou­vernements ne sont qu'accessoires dans la res­ponsabilité de l'actuel état des choses?

 

 

Une stratégie de transition

 

Vouloir transformer la société pose bien évi­demment la question des moyens. Là encore, la pensée de Takis Fotopoulos s'ancre dans le discours libertaire: «Un grand principe nous oriente dans le choix d'une stratégie de transi­tion appropriée: la cohérence entre la fin et les moyens. » Contrairement aux méthodes étatistes qui se proposent de changer la société par le haut et les approches dites de la « société civile» qui, elles, ne visent pas à changer le système, Takis Fotopoulos ne pro­pose pas une organisation politique de type nouveau, mais une confédération de communautés fonctionnant suivant les principes de la démocratie générale (égalité économique -propriété collective, égalité politique - démo­cratie directe).

 

Ce livre, d'où les mots volontairement scientifiques ou difficiles ont été bannis, est absolument accessible à quiconque. Les démonstrations y sont claires, logiques et cohérentes. Une volonté d'être compris du plus grand nombre se fait sentir à chaque page et place ainsi Takis Fotopoulos dans la ligné d'un Kropotkine ou d'un Reclus.

 

 

Jean-Claude Richard

groupe Henry-Poulaille de Saint-Denis

 

Le monde Libertaire

jeudi 13 mars 2003

 


 

[1] Économiste et politiste, il est directeur de la revue Democracy & Nature, The International Journal of Inclusive Democracy (voir sur le net une multitude de textes sur Takis Fotopoulos)